Texte accompagnant les oeuvres exposés pendant la 3-ième Salon de Noël 2010, à St Antonin Noble Val (Tarn & Garonne, France)

 

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Pour moi personnellement, la question de savoir si mon travail de peintre peut être regardé comme art est sans importance. Mon inclination, récente, à produire des séries de peintures à partir de photos, matériau récolté avec l'aide des modèles, m'a amené à l'idée que ce je tente est mieux décrit comme une forme de reportage, la construction d'un documentaire ou même la production d'un BD en utilisant l'huile & la toile. Chaque peinture est comme l'image d'un film lent, une réflexion sur le microcosme de la personne humaine, et finalement, une recherche de l'âme des choses.

J'ai toujours été fasciné par l' “imprononçable” dans l'expression humaine, dans le contexte individuel, et dans le lien à l'autre. Dans la communication entre humains il y a 3 couches plus ou moins bien définies de l'échange oral. La 1ère englobe tout ce qui relève de la communication du quotidien, depuis la météo en se levant jusqu'à la question de quoi manger au dîner, et entre, tout ce qui aide à préserver nos routines de vie (ensemble). La 2ème couche contient de l'information beaucoup plus difficile à exprimer, et à échanger. Cela part du deuil que j'expérimente tous les jours après la mort de mon meilleur ami l'été passé jusqu'à l'observation des changements irréversibles dans mon corps liés au vieillissement. Vous pouvez parler de ces choses-là, si c'est un besoin ressenti, mais toujours d'une manière incomplète et avec grande difficulté et hésitation. Finalement il y a la couche de l' “imprononçable”. Tu sais qu'il y a quelque-chose qui te “bouffe”, disons dans ton âme pour donner une indication géographique dans ton corps, mais tu ne peux définir ni son contenu, ni son envergure. L'imprononçable ...

Quatre séries de peintures sont présentées, liées mutuellement dans un effort de saisir l'imprononçable. Dans la 1ère série ( celle que j'aime le plus personnellement), “la Douceur de Madame Bovary”, j'essaie de capter ce que Flaubert ne pouvait pas décrire dans son roman, partiellement à cause de l'époque dans laquelle il vivait, mais aussi dans un sens absolu en fonction de l'imprononçabilité de la matière. Madame Bovary aurait pu être comme ça au moment où elle vivait son humanité. La 2ème série “Conscience & mort” fait référence au moment, où par deux fois, je me suis trouvé dans le vestibule de la mort par la cause d'une hyper-allergie inconnue jusqu'alors.
La mort habituellement est liée à la violence, au ratatinement de l'humain ( Alzheimer) ou à la perte de la beauté, mais moi dans ces moments j'ai vécu la douceur potentielle de la transition. Est-ce qu'éventuellement on peut organiser la mort, la transition d'une telle façon ? Juste pour éviter la laideur, l'angoisse & le désespoir ..... ?

La troisième série “Sophie & Phoebe” concerne les esquisses et études d'un portrait commandé que j'ai faites jusqu'à l'heure actuelle.

La dernière série “Paysages” est la plus abstraite, la plus détachée. Je ne sais pas encore ce que je décris ici. C'est comme lorsque tu te balades sans savoir ce que va être la prochaine vallée. Moi je suis à l'aise avec cette idée, j'espère que vous aussi...


Arnoud Budelman

25 Novembre, 2010